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Conte de NoëL : Le vieux corbeau

Photo du rédacteur: Christian Paul ANDRÉChristian Paul ANDRÉ

CONTE de NOËL

Le Vieux Corbeau

Ce matin de Noël est encore givrée par une nuit plus froide que d’habitude. L’arbre centenaire qui se dresse en face de chez moi, enlacé de lierres dévoreurs, prend plaisir à réchauffer ses branches encore libres des beaux rayons de soleil qui pointent sur sa cime. Sa ramure pelée par la fin de l’automne laisse encore pendantes quelques masses desséchées qui marquent les victoires de sa gloire estivale lorsqu’il était feuillu de vert et d’orgueil.

Le temps est clair. Je prends plaisir dans mon jardin à partager avec lui cette fraîcheur matinale qui s’évanouit peu à peu et ravive mes poumons. En ce matin calme et reposant à Maisons-Alfort, la brillance du jour m’emporte presque au pays du Père Noël.

Le babillement des corneilles suivi d’un long croaillement me poussent à l’attention. Pas loin, posées sur l’arbre-ancêtre, de jeunes effrontées virevoltent de branche en branche autour d’un vieux et gras corbeau. Ces jeunes corneilles, apprêtées de leur parure frivole blanche et noire, donnent à l’arbre un air de fête. Elles sautent de ramille en ramille autour du corbeau patriarche, se trémoussent, graillent des histoires entre elles dans un jeu de séduction qui ne semblent plus émouvoir notre Gargantua. L’une sautille, l’autre sautille encore plus haut, l’une virevolte, l’autre tournaille plus prés du seigneur immobile qui ne dit mot sauf un dans un lourd croassement qui semble dire : « laissez-moi tranquille, je me réchauffe ». Les demoiselles n’en font rien et le spectacle continue : celui de la séduction des plumes, queues frétillantes, sifflets joyeux. Celle-là se pose sur la plus haute branche qui vacille sous son poids, elle prouve qu’elle n’a pas peur. Deux sœurs conversent entre elles, choix difficile et sacrificiel. La plus timide se contente de regarder les autres bondissant calmement sur les espaces les plus proches. Celle-ci, ose tout, se dandine et s’approche de près avec grâce. Rien n’y fait.

Voilà, cette fantaisie de Noël est terminée. Les demoiselles déçues quittent l’impertinent. Le corbeau se retrouve seul sans savoir ni comment ? ni pourquoi ? Il n’a pas su choisir : son âge ? sa taille ? son envie ? la plus belle ? Trop tôt ? Trop tard ? le Soleil ?

J’ai demandé au corbeau, il ne m’a pas répondu.

Peut-être aurez-vous la réponse ?

Ma réponse : Tout simplement parce que c’était des pies et qu’en ce matin de Noël « je baillais aux corneilles » avec intérêt.

 

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