N’ajoutons pas à crise des installations sanitaires un cataclysme institutionnel
Puisque le confinement me laisse le temps de répondre au réseau presque infini que constitue aujourd’hui mes amis anonymes de Facebook, je suis ce matin très marqué par la confusion qui règne dans les esprits de certains.
J’ai l’impression que ces amis de rencontre avec qui je conversais hier par hasard avant la pandémie au coin du comptoir en prenant un café ou un petit blanc ou ceux à qui je distribuais ma « publicité » électorale n’ont pas terminé la campagne des municipales, que les gilet jaunes défilent sur le net, que les revanchards de droite ou de gauche essayent de prendre, reprendre le pouvoir d’influence qu’ils ont perdu, mettant ainsi en danger l’unité nationale et la croyance en notre démocratie.
Chacun voulant convaincre que demain ne sera plus demain et que la terre sera une autre planète. Oui, la pandémie influencera demain nos choix. Pour autant, elle ne doit pas nous pousser à changer nos valeurs républicaines de confiance dans nos élus que nous portons depuis le siècle des lumières à moins de vouloir revenir aux ténèbres de l’absolutisme droitier.
La crise du Covid-19 est d’abord celle de la crise des installations sanitaires, c’est à dire l’insuffisance de nos moyens médicaux pour enrayer l’épidémie et pour sauver le plus de vie possible.
A ce titre l’alarme de Martin HIRSCH, le président de l’APHP, est clair, il ne peut anticiper donc décider qu’avec une visibilité sur trois jours. C’est cela l’action : faire avec les moyens qu’on a, prévoir à court terme de ce que l’on peut faire lorsqu’il n’y a pas assez de ressources pour prévoir l’avenir. Il est vain de penser « ils auraient dû faire cela », « je ferai cela », « il faut faire cela ». https://www.liberation.fr/direct/element/martin-hirsch-ap-hp-la-jai-une-visibilite-de-trois-jours_111225/
Je consulte chaque jour les statistiques des décès dans le Val de Marne.
On compte au 24 mars, avant-hier, 27 décès cumulés sur une population de 2 034 469 personnes, le taux de mortalité est donc de 1,4 pour 100 000 dans le Val de Marne. Personnellement, je ne prendrais pas de la Chloroquine par anticipation, sauf bien sur si j’étais à l’article de la mort. Chacun à son appréciation de son propre risque et je préfère attendre les résultats des évaluations en cours. Je fais confiance aux experts sans naïveté car un expert en remplace vite un autre. Puis-je faire autrement puisque je ne suis pas médecin mais seulement comptable ? https://geodes.santepubliquefrance.fr
Penser au passé sert peu à l’action immédiate, le retour d’expérience se fait lorsque le combat est terminé, penser au futur sans expertise ou sans connaissance approfondie du sujet ne fait qu’alarmer les esprits inutilement.
Cette crise des installations sanitaires, personne n’en porte la responsabilité ; ni ceux, qui décidant en , pensant bien faire en contrainte, ont diminué pour des raisons qui leur ont été argumentées et ont ainsi dans le passé réduit drastiquement les stocks de masques, gants, appareils respiratoires, capacité d’analyse des tests, ni ceux qui gèrent la crise dans cette situation en prenant aussi en conscience et sur avis d’experts les mesures que pour sauver le plus de vies possibles.
Là est bien le sujet : sauver des vies ! protéger le plus possible de citoyens de la mort ! C’est là la responsabilité des décideurs que nous avons élus, ne prenons pas leur place ! En sommes-nous capable ? https://www.huffingtonpost.fr/entry/coronavirus-roselyne-bachelot-critiquee-pour-lachat-de-masques-en-2010-nest-pas-dans-la-rancoeur_fr_5e769e8ec5b6eab779497765
Nous sommes capables, chacun de notre domaine d’expertise et avec nos moyens, d’apporter notre contribution pour que tout se passe au mieux, pour que le pic des hospitalisations qui n’est pas encore atteint soit le moins haut possible et que les plus fragiles soient protégés pour leur donner plus de vie et limiter ainsi les décès.
C’est ainsi que la solidarité s’exprime à travers le travail des infirmier.es et de tout le corps hospitalier, des livreur.es, des caissier.es, des enseignant.es, des fonctionnaires impliqués, des associatifs et tous ceux que j’oublie. Tous ceux-là qui ne comptent pas leurs heures de travail et qui au front sauvent des vies, nourrissent la connaissance de nos enfants en envoyant des cours en les corrigeant et celle de nos étudiants par vidéoconférence, ceux qui nourrissent les plus démunis en livrant des denrées alimentaires.
La solidarité de tous ceux qui sont chez eux et s’engagent à l’action comme ils le peuvent car ce ne sont ni experts de la médecine, ni de l’enseignement et ceux qui soutiennent leur famille, leurs malades, leurs amis étrangers dans une situation pire que la nôtre. Tous ceux qui, organisent des collectes, font les courses, font des dons en nature ou en numéraire, tout ceux qui agissent pour que cette pandémie soit moins tragique pour notre pays et le monde.
Oui ! cette crise, comme l’a dit récemment Jacques ATTALI, aura des conséquences sur nos organisations. Oui ! cela changera notre vision de la mondialisation et de la sécurité de nos approvisionnements, des rapports entre les mieux payés et les moins payés. Oui ! cela changera notre vision de la solidarité que certains découvrent, les talents de notre jeunesse dont quelques-uns doutaient en pensant qu’un sans travail est un bon à rien. Oui ! cela changera notre vision de la politique, de la pol-éthique. Oui ! cela changera la vision de nos engagements et notre regard sur l’autre. https://www.franceculture.fr/economie/jacques-attali-face-a-un-grand-choc-il-faut-aller-a-lessentiel-etre-utile-aux-autres
Tout cela ce sera demain. Restons-chez-nous, sortons pour aider les autres si nous le pouvons. Réfléchissons en silence à ce que nous voulons pour demain. Nous en avons le temps et l’opportunité de le faire maintenant si la pandémie ne nous frappe pas nous et nos familles. Demain, il sera temps de dire ce que nous voulons et de demander aux politiques de descendre dans les arènes du peuple autour de « débats-téléréalité ». Gageons que les citoyens seront invités à débattre en face à face. Pol-éthique ?
Aujourd’hui je me contente de mes petites actions : ce sont mes petits ruisseaux, pour un grand fleuve : « la solidarité ». Je pense avec humilité, sans haine, avec plus de tolérance, sans naïveté. Je relis Diderot et Voltaire, Tocqueville et Schopenhauer pour m’éviter de me faire piéger par des postures trop politiciennes pour être utiles aujourd’hui.